Le voyageur dispose généralement de 3 jours pour découvrir Lisbonne. Fenêtre réduite car il faudra prendre son temps, notamment celui de se perdre, pour apprécier la douceur de vivre de cette capitale au charme provincial, et espérer approcher ce qui constitue l’âme de la ville. Afin de surprendre immanquablement les usages, coutumes et goûts locaux, l'essentiel sera de sillonner ses quartiers contrastés, de flâner inlassablement à travers leurs méandres et ruelles sinueuses, de s’élever sur les belvédères et jardins suspendus ménagés par le relief accidenté. Et de temps en temps, lové sur un banc à observer l’agitation humaine, on en apprendra toujours plus qu’en faisant la queue devant une attraction touristique. En fonction du temps et des centres d'intérêt, agrémenter le séjour par la visite d’un musée, d’un marché ou d’une foire. Aux heures des repas, apprécier la cuisine des tavernes locales. Les soirs, musarder sur la rive du Tage, assister au rituel du Fado, ou s’encanailler dans les bars et troquets du port reconverti. Ainsi on aura touché, comme à tâtons, au noyau de la vie Lisboète.
La découverte de la colline du château peut assurément occuper une pleine demi-journée, tant les vieux quartiers d’Alfama et Mouraria nous plongent dans un univers original et originel. Entre les vieilles maisons aux façades blanches, roses ou ocres, c’est là que le dédale se fait le plus serré, et que les pentes s’y montrent si abruptes que nombre d’entre elles sont entrecoupées d’escaliers tortueux. Les portes basses ouvrent sur d’humbles intimités et des parfums rôdent, de café, de lessive, avec un grain de sel marin. Il s’agit de la Lisbonne d’autrefois, populaire, baignée par une atmosphère indolente et qui serre le cœur.
Pour entrevoir quelque chose de plus profond et humain encore, notre première visite guidée s’attache précisément à explorer et à commenter les deux plus anciens quartiers de la ville, selon nous les plus intéressants en termes esthétique, historique, et de vie actuelle.
C’est à l’ouest de la colline du château que gravite le « monde » de Lisbonne. Depuis la creuse vallée de la Baixa, jusqu’au Chiado et Santa Catarina, sans oublier le Bairro Alto et Principe Real, la ville s’affuble d’un voile bohême ou aristocratique. Ce sont les quartiers des femmes coquettes et des belles vitrines, c’est là qu’on commente la politique, dans les cafés et chez les marchands de tabac. Une foule de gens s’y affairent au milieu d’une autre foule encore plus nombreuse n’ayant rien à faire. On peut aussi envisager de se hisser en haut de l’avenue de la liberté où le marquis de Pombal, debout sur son monument, domine la ville qu’il a jadis relevée de ses ruines fumantes. Depuis le sommet du parc Edouard VII, on jouit d’une vue imprenable sur la partie basse et la nappe majestueuse du Tage, et la serre froide toute proche mérite le détour.
Encore plus à l’ouest, la ville pourrait se montrer plus banale, mais il n’en est rien. Le plan urbain s’étire et les rues s’élargissent, les crépis sont plus neufs et les façades plus modernes, mais les bâtiments continuent à se coiffer de tuiles, à se parer de volets verts, de fers forgés et de faïences, et les habitants n’ont pas désappris à épingler les géraniums à leurs balcons. Ce sont les quartiers de São Bento (parlement), d’Estrela (basilique et jardin), de Lapa et de Santos (ambassades), de Madragoa (« l’Alfama de l’ouest ») et de Campo de Ourique (excellentes pâtisseries). Le tramway 28 est tout indiqué pour s’y rendre et l’on peut même envisager de descendre à son ultime terminus, le cimetière de Prazeres [des plaisirs], un étonnant Père Lachaise lisboète où nous recommandons de faire un saut. On reviendra ensuite à pied jusqu’à la Baixa en quadrillant les quartiers précités.
Deux sites classés à l’Unesco sont annoncés incontournables (le sont-ils ?) :
☉ Belém, situé plus en avant de l’embouchure du Tage, plage d'où les caravelles levaient l'ancre.
☉ Sintra, à une trentaine de kilomètres de Lisbonne, ancienne résidence d’été des rois.
Compter respectivement une demi-journée et une journée au minimum pour découvrir ces sites.
Les quartiers intra-muros ou les sites touristiques étant loin d'être représentatifs de l’ensemble de la ville, il est toujours intéressant de découvrir l’envers du décor, de considérer d’autres réalités :
☉ Celle du lisboète de condition modeste, en traversant le Tage pour la rive sud (Cacilhas), où une boucle à pied via Almada et éventuellement la statue du Cristo Rei [Christ roi] permet déjà de se sentir bien loin de l'effervescence du centre.
☉ Celle du jeune cadre dynamique en se rendant au Parque das Nações [parc des nations], quartier sorti de terre à l’occasion de l’exposition universelle de 1998, emblème du renouveau et de la modernité. Afin d’optimiser son temps, il est envisageable de s’arrêter dans ce quartier en métro (station Oriente) lors du retour à l’aéroport (qu’on pourra ensuite rejoindre en métro ou à pied – tout droit via l’Avenida de Berlim).